Questions à se poser pour concevoir un site Web

Rencontre avec Jean-Marc Hardy

Ci dessous vous trouverez une ITV de Jean-Marc Hardy, webmaster de redaction.be. A l’occasion de la sortie de son livre Check-list pour réussir son site web [Dunod], il en profite pour vous livrer une liste de points à évaluer pour contrôler la qualité d’un site.

60 points pour auditer un site

La liste de points à contrôler et de questions à se poser proposée par l’auteur est très utile. Certes lors de la conception d’un site mais aussi dans le cas d’un audit de site web.

Nous sommes ici régulièrement consultés pour la refonte d’un site, l’amélioration de l’existant par exemple. Les points et questions à se poser peuvent être très utiles pour vous, professionnel du Web, mais aussi pour vos clients.

En leur adressant ces questions vous aurez une vue plus fine de leur connaissance du Web et de leur site. Cela peut être d’une grande aide en cas d’audit de site.

 

8 questions à Jean-Marc Hardy

Cet entretien a été mené par l’équipe de Bilkis Média.

1. Votre livre présente une check-list en 60 points pour savoir si un site est réussi ou non. Avez-vous rédigé ce livre car peu de sites Web respectent, finalement, ces critères de réussite ?

Je crois, en effet, que la qualité internet a encore beaucoup de chemin devant elle. De nombreux sites web (non pas amateurs, mais professionnels!) ne réussissent pas l’examen !

Lisez les statistiques contenues dans mon livre et vous vous rendrez compte de l’ampleur du problème : trois acheteurs en ligne sur quatre abandonnent leur caddie en cours de route, seules 14% des entreprises répondent à tous leurs messages, plus d’un site web sur cinq ne s’affiche pas correctement en résolution 800×600, et j’en passe.

Plus philosophiquement parlant, si vous vous intéressez à l’histoire des médias, vous vous rendrez compte que chaque fois qu’un nouveau support apparaît (le papier, le cinéma, la télévision,…), il faut à l’homme plusieurs décennies pour développer un “langage” approprié à ce support.

En ce qui concerne Internet, soyons modestes, nous en sommes encore à la préhistoire.

2. Vous avez découpé 6 grandes étapes… comment les avez-vous choisies ?

Les 6 éclairages (il ne s’agit pas d'”étapes” dans le sens procédural ou chronologique du terme) sont les suivants :

  • les aspects techniques et fonctionnels ;
  • la navigation ;
  • le design graphique ;
  • le contenu ;
  • l’interactivité ;
  • le marketing.

Ces éclairages sont complémentaires. La frontière entre eux n’est pas totalement imperméable : entre le design graphique et la navigation, entre le marketing et l’interactivité, il existe des liens, bien évidemment. La force du canevas et de la check-list est d’aider les concepteurs ou gestionnaires de sites web à structurer leur démarche. Le livre leur donne un fil rouge.

Les critères, en eux-mêmes, ne sont pas révolutionnaires. Au contraire, ils correspondent à l’approche la plus communément pratiquée par les consultants sérieux. C’est ce qu’on met à l’intérieur de ces critères qui devient intéressant.

3. Certaines étapes ou certaines questions à se poser sont-elles plus importantes que d’autres ? Si oui, comment les distinguez-vous dans le livre ?

En effet, certains critères sont plus importants que d’autres. L’actualisation du contenu, la page d’accueil, la rapidité de téléchargement du site, la clarté de son offre,… sont des éléments cruciaux.

Dans mon livre, j’ai une approche très simple : des petites étoiles représentent le degré d’importance de chaque question. Mais cette appréciation générale de l’importance de chaque critère reste à moduler en fonction du contexte.
Il est conseillé de pondérer l’évaluation de la qualité en fonction des spécificités de son projet et du public auquel on s’adresse.

4. L’étape qui comporte le plus de questions concerne le contenu : un site avec une navigation moyenne mais un contenu intéressant sera-t-il toujours plus réussi que l’inverse ?

Le contenu est central. Aucun doute là-dessus. A cet égard, j’aurais tendance à comparer un site web à un restaurant. Lorsque vous allez au restaurant, plusieurs choses conditionnent la qualité de l’expérience que vous vivez : la disponibilité du serveur, le confort de la table, la clarté et l’attrait du menu,… mais, en définitive, c’est ce qu’on vous sert dans l’assiette qui compte le plus.

Cependant, la qualité est un tout. Un contenu éditorial très riche ou qui ne respecte pas les contraintes de la rédaction Web risque d’être indigeste ou de passer tout simplement inaperçu lorsqu’il est intégré dans une architecture de navigation mal pensée.

5. Votre livre adopte un point de vue “utilisateurs” souvent oublié par les développeurs : d’où vient ce décalage, cette absence de prise en compte de l’internaute (animations Flash lourdes, vidéos peu ergonomiques, etc.) ?

Premier problème : un manque de connaissance de l’utilisateur, de ses attentes, de son comportement. Une partie de ma mission consiste à jouer l’avocat des utilisateurs, sur une base la plus scientifique possible, en combattant un certain nombre d’idées préconçues.

Second problème : les agences qui veulent se faire plaisir. Vous prenez l’exemple de Flash, il en est assez représentatif. Les créatifs et les développeurs adorent les prouesses techniques et les fonctionnalités les plus originales possibles. L’utilisateur, lui, demande la simplicité.

A travers ma check-list, je voudrais contribuer à ce que l’approche qualité soit davantage intégrée dans le processus de développement des sites web.

6. Par ailleurs, votre livre fournit de nombreux chiffres, des conseils de sites et d’outils, présente des cas pratiques : ce livre peut-il être un guide au quotidien pour le créateur de sites Web, ou plutôt un outil pour réaliser la recette d’un site ?

Il n’y a pas de recette. Je n’imagine pas un seul instant qu’un site web puisse être conçu et produit suivant des équations toutes définies.

On ne juge pas un site internet comme on juge un shampoing. On a affaire à un produit de communication, avec toutes les dimensions que cela peut impliquer : information, persuasion, échange, surprise, émotion, divertissement,… Un bon site reste personnalisé, aux couleurs de celui qui l’édite.

Un guide au quotidien, là oui!, c’est le but de cet ouvrage. Il devrait se trouver sur la table de chevet de tout webmaster, créateur de site web ou responsable de la communication.

7. Ne craignez-vous pas que beaucoup de créateurs de sites vous en veuillent ? Désormais les clients vont fixer des exigences de qualité beaucoup plus élevées ?

Qu’ils m’en veuillent et le but sera atteint 😉

Ceci dit, la démarche qualité n’est pas obligatoirement très coûteuse : les utilisateurs recherchent avant tout la simplicité. Et faire un site est 100 fois plus passionnant lorsqu’on se soucie de son impact, de son utilité et de son utilisabilité dans la durée.

Mon livre veut vous conduire à prendre en compte davantage que la réussite esthétique ; il veut vous conduire à réaliser un design qui favorise la satisfaction à l’utilisation.

8. De la même façon, vous expliquez dès le début que vous ne vous intéressez pas au “Comment”. Pensez-vous que les créateurs de sites savent faire des sites réussis, mais qu’ils n’ont pas toujours la bonne approche, la bonne méthode ?

Le “Comment” est très dépendant de chaque projet, des technologies utilisées, de l’organisation en place et des ressources à disposition. Dans ma pratique professionnelle, je ne me contente pas de donner des conseils théoriques.

J’effectue du coaching, travaillant côte-à-côte avec des chefs de projet internet, des graphistes ou des informaticiens, de manière à injecter la qualité dans les développements. Souvent au cas par cas.